LE MYTHE DE LA CAVERNE

LE MYTHE DE LA CAVERNE

LE MYTHE DE LA CAVERNE,

Platon (V° siècle avant J.C) , La République, Livre 7…

Le mythe de la caverne est une allégorie qui illustre la situation des hommes par rapport à la vraie lumière, c’est-à-dire par rapport à la vérité.

Supposons des captifs enchaînés dans une demeure souterraine, le visage tourné vers la paroi opposée à l’entrée, et dans l’impossibilité de voir autre chose que cette paroi. Elle est éclairée par les reflets d’un feu qui brûle au dehors, sur une hauteur à mi pente de laquelle passe une route bordée d’un petit mur.

Derrière ce mur défilent des gens portant sur leurs épaules des objets hétéroclites, statuettes d’hommes, d’animaux, etc…

De ces objets, les captifs ne voient que l’ombre projetée par le feu sur le fond de la caverne. De même, ils n’entendent que les échos des paroles qu’échangent les porteurs. Habitués depuis leur naissance à contempler ces vaines images, à écouter ces sons confus dont ils ignorent l’origine, ils vivent dans un monde de fantômes qu’ils prennent pour des réalités.

Soudain, l’un d’entre eux est délivré de ses chaînes et entraîné vers la lumière. Au départ, il en est tout ébloui. La lumière du soleil lui fait mal, il ne distingue rien de ce qui l’entoure. D’instinct, il cherche à reposer ses yeux dans l’ombre qui ne le blessait pas. Peu à peu, cependant, ses yeux s’accoutument à la lumière, et il commence à voir le reflet des objets réfléchis dans les eaux. Plus tard, il se sent prêt à en affronter la vue directe. Enfin, il deviendra capable de soutenir l’éclat du soleil.

C’est alors qu’il réalise que sa vie antérieure n’était qu’un rêve sombre, et il se met à plaindre ses anciens compagnons de captivité. Mais s’il redescend près d’eux pour les instruire, pour leur montrer le leurre dans lequel ils vivent et leur décrire le monde de la lumière, qui l’écoutera sans rire, qui donnera surtout créance à sa révélation ? Les plus sages eux-mêmes le traiteront de fou et iront jusqu’à le menacer de mort s’il s’obstine.

On distingue sans peine la signification de cette allégorie. La caverne est le monde sensible dans lequel nous évoluons, le symbole de toutes les dictatures, visibles comme invisibles.

Nous sommes enchaînés dans cette caverne, esclaves de nous-mêmes et de notre éducation. La lumière est au dehors, mais il faut du courage pour la rejoindre, supporter la souffrance et la peur pour affronter la vérité. Nous devrons parcourir le sentier, qui est celui de la philosophie, pour espérer entrevoir la lumière.

Cependant le philosophe, s’il est de son devoir de partager son savoir, aura du mal à le faire accepter par ceux qui sont restés dans la caverne. C’est pourquoi il est souvent rejeté. Il pourra dire ce qu’il a vu (et donc compris), mais il ne pourra jamais totalement décrire le chemin par lequel il est passé. L’apprenti philosophe doit donc entendre et accepter, à travers ce mythe, que sa vision du monde est une illusion, car basée sur des a priori, et qu’il doit sortir de la caverne pour se mettre réellement en quête de la vérité. Pour cela, il doit faire preuve d’humilité, appliquer la politique de la table rase, en oubliant ce qu’il a vu dans la caverne.

Comment faire table rase ? C’est ce que nous étudierons à partir du Discours de la méthode de Descartes.

Pour aller plus loin :

Une traduction écrite du texte original de Platon, en français.

Une version audio, toujours en français.

Le texte intégral en grec (livres 7 et 8)

Et aussi :

Un excellent conseil de lecture dont cet article est aussi largement que librement inspiré, et qui vous servira de guide dans vos premiers pas en philo (je n’ai aucune action sur les ventes) : « Les chemins de la pensée« , de Jaqueline RUSS.

- Sinon, à lire également dans un autre registre, les deux tomes « De la Philosophie » de Michel GOURINAT.

- Vous pouvez enfin, de manière beaucoup moins universitaire mais nettement plus romanesque sans être dénuée d’intérêt, embarquer sur la plage « Le Monde de Sophie« , de Jostein GAARDER.

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Messages

  • 3 janvier 2006, 21:36, par Max James
    Gaëlle Sartre-Doublet a dit :
    (article publié dans vox populi le samedi 16 octobre 2004)
    LE MYTHE DE LA CAVERNE,
    Platon (V° siècle avant J.C) , La République, Livre 7…
    C’est avec plaisir que je découvre cet article qui expose sobrement la fabulette de Platon, et, si ce n’est ses motivations, du moins son mode d’emploi pour les apprenti philosophes.
    La phrase d’introduction me convient presque :
    Le mythe de la caverne est une allégorie qui illustre la situation des hommes par rapport à la vraie lumière, c’est-à-dire par rapport à la vérité. mais je dirais plutôt :
    :L’allégorie de la caverne cherche a illustrer la situation des hommes par rapport à la vérité.
    Mon discours personnel serait plutôt :
    La réalité n’a pas de sens. Le sens n’existe que dans l’oeil de l’observateur. Et tous les observateurs sont légitimes.
    Dont on peut conclure
    a) A chacun sa vérité
    b) LA vérité n’existe pas. Ou du moins, si elle existe, je n’ai ni besoin de la connaître, ni besoin de la chercher. Et pour ne pas confondre accidentellement MA vérité (légitime) avec LA vérité, j’ai tout intérêt à ne pas avoir de vérité, ce qu me facilitera considérablement la communication avec les autres, tenants légitimes de leur vérité. La laïcité est un bon exemple de ce comportement, et l’on voit bien que si il n’y a aucun inconvénient à ce que je la pratique avec une vérité mienne (catholique par exemple), il est plus confortable de la pratiquer sans vérité propre (agnostique).
    J’en étais là de mes réflexions. N’ayant pas eu de formation philosophique je ne connaissait pas l’oeuvre de Platon, donc j’ai inventé ma propre fabulette sur ce sujet ; je l’ai appelé le vaisseau spatial.
    A la réflexion, je me demande si j’aurais pu imaginer ma fable si j’avais appris la philosophie. J’ai bien peur que non.
    Il me semble que l’invention doit être préalable à la connaissance, et que parmi les profs de philo que j’ai pu entendre dans l’exercice de leur métier, beaucoup utilisaient le discours : Premièrement il vous faut la connaissance : voici Platon ; Deuxièmement, réfléchissez là dessus. Alors que ma pratique est toujours Premièrement : Voici les prémisses, inventez une solution ; Deuxièmement : débriefing, quid des solutions imaginées par les élèves, et pour finir exposé de la solution de la faculté.
    Mes prémisses étaient les suivantes :
    informaticien, je devais écrire un outil de gestion pour une entreprise.
    Chacun des services avait sa vérité : Qu’est ce que c’est qu’un mois ? Mais c’est le temps qui va du premier lundi du mois jusqu’au dernier vendredi du mois disait le directeur de fabrication, mais c’est le temps qui sépare le jour de paye du mois précédent du jour de paye de ce mois ci disait le DRH, quelle question ! disait le chef comptable ; mais c’est le mois calendaire bien sûr.
    Je me trouvais en présence d’un bouquet de vérités, indiscutables, et utiles (la vérité est l’outil de communication ultime a l’intérieur d’un niveau) (pour le concept de niveau voir Watzlawick) Devais-je créer LA vérité pour mettre tout le monde d’accord ? J’ai consulté ma bible : Le petit prince ; et j’y ai lu : Voici la cage, le mouton que tu veux est dedans. Je tenais ma solution, tant que je travaillerai sur la cage, je n’aurais aucun problème de mouton ! Je n’étais donc pas obligé de me créer une vérité, ce qui me facilitait considérablement la communication avec les services, puisque, quand j’étais chez l’un d’eux, c’est la vérité locale qui était active.
    Techniquement, cela m’a posé un énorme problème car cela rendait illégal l’outil numéro un de l’informaticien d’entreprise qui est la base de donnée relationnelle (SGBD)(Oracle), qui nécessite de décrire l’architecture de stockage préalablement a l’usage. Or mon approche – le sens (l’architecture) (les agrégations) n’existe que dans l’oeil de l’observateur, c’est a dire lors de la consommation de l’information, et tous les observateurs (sens) sont légitimes simultanément – était en contradiction totale avec un monde ou la description, la vérité, était préalable, existait pour de vrai, était codée en dur. Et mon besoin de stockage de non-sens (je stocke tout ce qui se passe en vrac, sans me préoccuper de le ranger) n’avait pas d’outillage. J’ai donc été obligé de me le créer.
    Donc pour communiquer MA vérité a mon équipe, j’ai écrit (inventé sans culture préalable) la fabulette que voici :
    Le vaisseau spatial
    Un jour, un vaisseau spatial surgit des entrailles de la terre et disparut dans l’espace. Le commissaire chargé d’enquêter sur cet événement d’Ovni interroge les témoins.
    Premier témoin, qu’avez vous vu ? Tout monsieur le commissaire, j’étais là ! Devant mes yeux ébahis, la terre s’ouvre et une boule de feu sort et disparaît dans les nuages.
    Deuxième témoin ? J’étais là ! un peu sur le coté et je l’ai vu, le vaisseau, monsieur le commissaire, il était carré !
    Troisième témoin ? J’étais à un kilomètre à l’ouest, et je l’ai vu ! il m’est passé au dessus de la tête, un triangle lumineux !
    Bon sang, mais c’est bien sur, se dit le commissaire, j’ai trois témoins qui ont vu au même lieu a la même heure trois choses différentes mais en réalité ce n’est qu’une seule chose !
    Et vous ; avez vous trouvé quelle forme peut bien avoir un objet qui, projeté sur les trois plans orthogonaux, apparaît comme un cercle, un carré et un triangle ?
    Conclusion :
    Tout témoignage est simultanément inacceptable ;(on ne me raconte que des conneries) et incontournable (c’est ma seule source d’accès a l’information.)
    Une fois ma fable construite, je me suis préoccupé de ce que des siècles d’humanité avaient pu produire sur ce sujet, et je suis, bien sur, tombé sur la caverne.
    Il était évident que l’auteur cherchait à illustrer la même problématique que moi.
    Mais son approche ne me satisfait pas sur plusieurs aspects.
    Le premier et le plus important est ce que j’appelle « la position par défaut du lecteur ». Chez Platon, le lecteur est sur un plan supérieur d’ou il voit l’intégralité de la scène, il n’est pas comme ces stupides prisonniers même pas capables de prendre conscience qu’il existe un extérieur.
    Je préférais une fable dans laquelle le lecteur soit un prisonnier au milieu des prisonniers et ne comprenne pas ; pour que son cheminement vers l’explication soit difficile ; pour ne pas lui amener comme pensée prémachée que les autres (pas lui) sont bornés.
    Le deuxième aspect qui n’est pas explicite mais qui est perçu par les lecteurs est que l’ombre portée est unique (c’est un défaut que n’a pas l’histoire des aveugles et de l’éléphant)
    Le troisième, non explicite, mais résultant de votre exégèse :
    Cependant le philosophe, s’il est de son devoir de partager son savoir,
    Beaucoup vont comprendre que le philosophe aura trouvé LA vérité.
    aura du mal à le faire accepter par ceux qui sont restés dans la caverne.
    Logique, conflit de vérités.
    C’est pourquoi il est souvent rejeté. Il pourra dire ce qu’il a vu (et donc compris),
    Qu’il existe un niveau au dessus, mais qui me prouve que ce ne sont pas des marionnettes animées par des marionnettes ?
    mais il ne pourra jamais totalement décrire le chemin par lequel il est passé.
    L’apprenti philosophe doit donc entendre et accepter, à travers ce mythe, que sa vision du monde est une illusion, car basée sur des a priori,
    Contre sens, basée sur des observations, indiscutables, c’est la tentative d’inscription des observations dans un pattern propre a chacun qui va faire diverger.
    et qu’il doit sortir de la caverne pour se mettre réellement en quête de la vérité.
    Ouch.. donc LA vérité existe…
    Pour cela, il doit faire preuve d’humilité, appliquer la politique de la table rase, en oubliant ce qu’il a vu dans la caverne
    Votre exégèse présuppose qu’il aura du succès dans son entreprise et qu’il réussira à se hisser au niveau supérieur. A combien chiffreriez vous les chances qu’il aurait de retomber plutôt dans une autre caverne, avec des ombres portées différentes ? Et comment saura-t-il qu’il est au niveau supérieur, qu’il n’y a pas de niveau au dessus ?
    Mais je préfère St Exupéry a Platon :
    l’essentiel est invisible pour les yeux : les moyens rationnels d’accès a la connaissance ne permettent de n’accéder qu’à l’accessoire, (on ne voit que les ombres sur les parois de la caverne)
    On ne voit bien qu’avec le cœur, Il faut changer de niveau pour avoir une vue d’ensemble.
    Que je complète d’une de mes sentences : Il ne faut jamais résoudre le problème posé ; il faut monter au père du problème, puis revenir traiter le problème posé comme un cas particulier du père du problème ( il n’y a pas de problème hors contexte).
    • 4 janvier 2006, 01:20, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Cher lecteur,
      Merci de votre intérêt pour ce modeste cours de vulgarisation philosophique et de l’exposé de votre réflexion comme de vos interrogations. Je vous répondrai ultérieurement sur la notion de Vérité par un cours du même nom que je compte proposer d’ici peu.
      Ceci dit, attention de ne pas confondre mythe et « fabulette » ! : le mythe, la fable et le conte, désignés dans certains pays sous le nom générique de « saga » sont bien différenciés dans la langue française, à juste titre. Il s’agit en effet de trois genres à part entière. Mais cela serait l’objet d’un tout autre cours…
      G.S.D
    • 23 octobre 2007, 10:57, par John Caffe
      Chère Gaëlle,
      Avez vous répondu sur la notion de vérité à Max James et, si cela est le cas, allez vous publier cette réponse sur ce même site voxpopuli ?
      Je me permet de vous poser cette question car votre réponse m’intéresse et je souhaiterai pouvoir la lire.
      Cordialement
      Voir en ligne : Le Mythe de la caverne
    • 23 octobre 2007, 16:22, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Bonjour John,
      J’ai en effet répondu à Max James de manière un peu détournée en publiant comme promis sur Vox populi un cours sur la vérité que vous pouvez consulter ici :
      http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=214
      En espérant que vous y trouverez matière à satisfaire votre intérêt, je vous remercie de votre post (c’est toujours encourageant de constater que l’on peut très bien ne pas assommer tout le monde en parlant philosophie !)
      Cordialement,
      GSD
    • 5 avril 2008, 21:49, par Edmond Biztonew
      bonjour GAELLE je vous remercie pour votre effort en mettant a notre disposition la possibiliter de mieux comprendre certaine notion de la philo. tout mes encouragements.
      cordialement. Edmond
    • 6 avril 2008, 17:42, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Merci beaucoup Edmond. Très sensible à votre message, je vous souhaite un bon cheminement au sein du « coin philo » !
      GSD
    • 1er juillet 2008, 23:51
      Je ne partage pas la vision de Max James. Soutenir avec tant de conviction que chacun possède sa propre vérité. N’est-ce pas remettre en question un principe même de la phénoménologie ? L’existence des phénomènes comme indépendant du regard de leur observateur ? Est-ce que vous insinuez donc que les êtres humains sont condamnés à vivre cloisonnés du fait du relativisme de leurs perceptions respectives ?
    • 29 septembre 2008, 16:59, par Michel FOURNIER
      Bonjour,
      Voici un message que j’ai adressé ce jour à un ami….
      Je demeure en Crète, dans la plaine de Messara, à Gortyne…
      Bonjour Laurent,
      C’est très bien que David vous ai ouvert les yeux…. pour vous sortir des ténèbres labyrinthiques dans lesquelles nombre d’humains sont plongés, ont été plongés, risquent encore d’être plongés si rien n’est fait pour les aider à s’en sortir….
      Mais le chemin vers la « lumière », celle du Soleil, celle qui est naturelle et non artificielle, est long et douloureux car il faut alors se « déconditionner » , s’émanciper, se libérer de contraintes et manipulations mentales très insidieuses… certaines commençant avant même la naissance….
      Connaissez-vous le mythe de la caverne de Platon (les Anciens, sur le plan de la connaissance humaine , comme dans bien d’autres domaines, en savaient bien plus que nous, ce qui les a amené à connaître et construire, très tôt, une vie « paradisiaque » , un âge d’or que d’autres humains ont peu à peu quitté, au fil des ans et des « corruptions »…)
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythe_de_la_caverne
      http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=179
      Comme vous pouvez le lire, ces hommes enchaînés que vous êtes (étiez) étaient face à un théâtre d’ombres…. ombres qu’ils prenaient pour la réalité…. parce que leur ressemblant quelque peu…
      Ces ombres n’étaient en fait que l’ombre portée par des humains plus malins qu’eux qui les BERNAIENT, les TROMPAIENT en leur faisant croire que ces ombres étaient la VRAIE VIE….. et les humains enchaînés se satisfaisaient de leur sort, pensant que c’était le sort dévolu à tout humain….
      L’un d’eux OSA se retourner, OSA briser ses chaînes, OSA se lever et commencer à sortir de la caverne….
      Tous le condamnèrent, l’insultèrent, le méprisèrent, lui, ce fou qui BRAVAIT les lois établies…
      Mais rien n’arrêtait ce « téméraire », « o dysseas » (Odyssée ???) comme on dit en grec….
      Il arriva près du feu et découvrit la lamentable et honteuse supercherie où on voyait de pauvres pantins livrés pieds et mains liés à des marionettistes de pacotille… animés des pires intentions, celles de faire d’autres hommes leurs INSTRUMENTS…
      Alors, le téméraire s’est détourné de ces « humains » encore englués dans leur bestialité, ces manipulateurs…. et il se dirigea vers la sortie de la grotte, seul….
      Il parvint ainsi « hors des labyrinthes »…. http://origines1.chez-alice.fr/HDL.zip
      Il parvint ainsi à trouver la VIE au SOLEIL….. dans la « Messara » (voir en pièce jointe)….
      Je vis en Messara où je suis installé définitivement…. je suis allé maintes et maintes fois dans la caverne qu’est le LABYRINTHE…. mais je vis « Hors des labyrinthes »…. dans mon paradis….
      Avec mes amicales salutations
      Michel FOURNIER
    • 31 octobre 2008, 16:55, par ETOA RAISSA
      je suis élève camerounaise et je ne comprend en rien votre point de vue sur le mythe de la caverne.mais je pense que platon se gourre completement.pouvez vous etre plus explicite ?
    • 1er novembre 2008, 01:20, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Sans aucunement vouloir être désobligeante, mademoiselle, (mais avec un certain fou-rire), j’espère que votre pensée traversera davantage les siècles que celle d’un Platon qui « se gourre » (Se gourer ne prend qu’un seul « r », mais passons).
      En quoi Platon (que je n’encense pas par ailleurs, lui préférant Aristote) se « goure »-t-il, sur ce qui relève de l’allégorie ?
      Ce serait sans doute à vous d’être plus explicite, car votre formule revient à dire qu’un mythe, un conte ou une fable se « gourent », alors qu’ils ne sont que le lieu même de la poésie et de l’interprétation. Dites-moi plutôt que vous ne partagez pas mon analyse et expliquez-nous sur quoi repose votre raisonnement. Je suis sincèrement avide de le connaître.
      Cordialement,
      GSD
    • 7 novembre 2008, 19:31, par Léa
      je suis élève en classe de terminale, nouvellement informée sur la philosophie, platon est l’un des philosophes qui m’intéresse beaucoup car je constate avec brillance qu’il a dit des choses très intéressantes et même importantes qui ont cours actuellement dans notre société ou notre monde.Ma préoccupation est grande car j’aimerai que vous m’expliquez réellement comment le philosophe doit procéder pour informer les prisonniers de la caverne sur les réalités sans qu’il ne soit pas pris au sérieux ou qu’on ne se moque de lui ? ou encore pour éviter cette situation désagréable doit démeurer tout seul dans le monde intelligible ?
    • 7 mars 2009, 01:27, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Mademoiselle,
      Désolée du délai de ma réponse, exceptionnellement long, et je vous prie de m’en excuser.
      « Comment le philosophe doit procéder pour informer les prisonniers de la caverne sur les réalités sans qu’il ne soit pas pris au sérieux ou qu’on ne se moque de lui ? ou encore pour éviter cette situation désagréable doit démeurer tout seul dans le monde intelligible » me demandiez-vous ?
      Ma réponse est très simple : il ne le peut pas. C’est pour cette raison que la philosophie ne sert que ceux qui la comprennent, individuellement. C’est un cheminement, un parcours, à la fois universel et unique.
      Universel, car le discours des philosophes (grecs notamment) a traversé le temps et l’espace. Personnel, car qui aime Platon n’est pas nécessairement ami d’Aristote, et vice-versa.
      Pourquoi ? Tout simplement parce que l’histoire de la pensée n’est pas exempte de politique, et pour faire vite (trop vite), même si les arguments sont de parts et d’autres d’une grande puissance, on est croyant ou athée, de droite ou de gauche, dictateur ou démocrate…
      Platon, par exemple, que je respecte pour ses mythes, a participé à deux dictatures, et Heiddeger a adhéré au parti nazi jusqu’en 1945. Quant à Aristote, que j’apprécie pourtant au plus haut point, il a tenté de justifier l’esclavagisme et le sexisme de son époque, par tous les moyens. Paradoxe : Socrate est mort en buvant volontairement la cigüe (un poison violent), condamné par la Cité Athénienne pour un tout autre motif, beaucoup moins grave (officiellement « pervertir la jeunesse », pratiquement, enquiquiner tout le monde avec ses questions).
      Penseurs ? Certes ! Certaines de leurs démonstrations ont traversé les siècles.
      Mais pas toujours exemplaires, pas tout le temps ni sur tous les sujets, et c’est ici même que nous devons exercer à leur endroit notre esprit critique, en nous détachant des dogmes de notre époque comme des leurs, quittes à en payer le prix…
      Cordialement,
      Gaëlle Sartre-Doublet
    • 12 mai 2009, 14:16, par Twiggy
      Bonjour, je trouve cet article intéressant et très bien résumé pour des élèves de première à qui l’on veut faire une présentation de l’allégorie.Mais outre ce fait, mon statut de littéraire fait que je ne saisis pas vraiment pourquoi l’on assimile forcément le monde de la caverne à celui des sensations. Pourtant il est le monde où la subjectivité est maîtresse puisque l’on ne voit que des Représentions du réel : pourquoi ne serait-il pas le monde des sentiments ou des perceptions (qui peuvent être trompeu(rs)ses) ??. Le monde de la lumière et du vrai ferait donc plus appel aux sens (ouîe, vue…cf : beaudelaire « la vie antérieure »)donc aux sensations, ce qui rejoindrait la théorie des écrivains Réalistes ??
      Merci pour tout
      Claire
    • 16 mai 2009, 17:21, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Bonjour Claire,
      En fait, Platon divise le monde en trois parties. D’un côté, à titre universel, le monde des idées, la copie de la vérité qu’est notre monde et le troisième niveau (le plus bas) qui est celui du peintre. De l’autre, il reproduit ce schéma au niveau de la politique (le philosophe-roi, le guerrier et l’artisan) comme au niveau individuel (le nous, le coeur et l’instinct). Ce système est bien évidemment très contestable, mais il est le sien. Bien sûr, chacun est libre d’interpréter cette allégorie, mais il se trouve qu’elle s’insère dans un système qui est propre à Platon. Et ce que lui a voulu mettre en exergue ici, c’est l’opposition obscurantisme/vérité.
      Pour en savoir plus, lire : « Duel au sommet : Platon/Aristote sur ce même site.
      Cordialement,
      Gaëlle Sartre-Doublet
    • 15 février 2010, 14:07
      Les mythes, allégories, contes, etc., contiennent des images qui peuvent faire sens auprès d’un grand nombre de personnes. La caverne a cette caractéristique d’être « coupée » du monde. Disons qu’elle permet d’isoler des « personnages » qui « nous » représentent. Enchaînés les uns aux autres par nos certitudes, nous ne pouvons envisager d’en douter parce que celles-ci nous offrent spontanément une facilité , agréable, qui ne demande aucun effort tout en ayant un résultat probant : le constat du visible qui a l’avantage d’être partageable contrairement au pensé. L’allégorie de la caverne est une illustration de la difficulté à se débarrasser de ses repères, à s’alléger des éléments affectifs, culturels, à quitter un point de vue, à prendre une distance, non pas « pour » trouver la Vérité mais plutôt « dans » une relation aux autres, dans un rapport au consensus… Cette difficulté suppose une audace : contredire l’ordre établi. A l’époque de Platon (comme à d’autres époques), cette audace représente un risque énorme. Nous sommes capables de comprendre ce que cela signifie non seulement quant à la difficulté de penser mais également quant à la provocation… Ce qui est sous-jacent à cette allégorie c’est cette notion du consensus qui contient le principe du pouvoir politique. Pour Platon qui prône que les rois deviennent philosophes ou que les philosophes deviennent rois, en bref qu’une pensée questionnante serve à diriger les hommes, le consensus est l’outil du tyran. Je fais simple, certes, mais en privilégiant la distance à l’allégorie, de façon à ne pas être pris au piège du : « platon a dit ceci ou cela ». Platon convoque des images, des situations, des personnages, une sorte de « théâtre » qu’il met à disposition du lecteur, en mettant en oeuvre ce processus de distanciation qu’il conseille pour se mettre à penser (et non plus à croire). Il fait « repasser » le lecteur par les images (on peut définir des emboîtements : nous nous voyons en train de voir ce que nous ne voyons pas).
      L’image de la caverne, au temps de Platon a une importance symbolique considérable. Elle représente un monument de la nature. Un lieu de mystère. Dans lequel la « pensée magique » est à l’oeuvre. Platon pense que l’humanité peut sortir de sa caverne, de cette « pensée magique » parce qu’elle en a désormais les moyens : la « pensée raisonnée » à la possibilité de l’observation et l’autorisation de la République. Mais ces acquis sont fragiles. Toujours est-il que cette allégorie est un bon début pour s’engager sur les sentiers du doute en développant son « amour pour le savoir ». On peut d’ailleurs s’amuser à chercher dans notre vie de tous les jours quelles sont les « cavernes » dans lesquelles notre esprit est prisonnier… quel effort nous faut-il être capable de faire pour se « sortir » de nos pièges contemporains ? Quel consensus nous faut-il combattre ? Quelle sorte de pouvoir profite de la difficulté à combattre le consensus ? Comme on peut le constater, la « caverne » n’est pas uniquement à ranger dans la catégorie des « points de vue d’époque » mais aussi et surtout, à prendre comme un outil disponible.
      Amicalement,
      raymond.blard@free.fr
    • 8 octobre 2010, 19:06, par Y
      Votre remarque sur la « fabulette » de Platon est intéressante, cela dit n »y a t-il pas une autre façon d’approcher le point de vue de Platon, c’est a dire différemment du fait qu’il apporterait la vérité sur un plat d’argent a tout ces camarades anciens prisonniers ? Je penses plutôt qu’il y a l’homme coincé dans ces certitudes a l’intérieur de la caverne et au dehors non pas la vérité mais les moyens de la découvrir, je m’explique:qu’est ce que découvre le philosophe de la « fabulette »(parlons métaphoriquement) si ce n’est des hommes et des objets, du reste du monde qu’il entoure, qu’en est il du savoir sur ce monde, de la nature, histoire, fabrication de ces objets ? L’unique vérité que pourrait donc rapporter ce philosophe a ses camarades est que la vérité se trouve ailleurs, a vous de sortir et de la chercher, ou plutôt de LES chercher, car c’est la je pense que votre opinion est indubitablement juste : une perception du concept de la vérité par homme, d’ailleurs si il existait UNE unique vérité connue de tous, ou l’Homme irait chercher le sens de sa vie ?
      Mais cette vérité, qu’est elle si elle n’est pas sans cesse en mouvance ? Et bien une simple certitude dans laquelle l’homme vas confortablement s’asseoir.
      La vérité est un concepts que l’homme ne dois pas chercher mais rendre nomade, la seule exception de vérité qui elle, ne bougera jamais est le fameux « je penses donc je suis » tiré du cogito de Socrates.
    • 10 octobre 2010, 16:47, par Gaëlle Sartre-Doublet
      « Je pense donc je suis » n’est pas de Socrate, qui n’a laissé aucun écrit, mais de Descartes.
      Cordialement,
      Gaëlle Sartre-Doublet
    • 12 octobre 2010, 18:59
      Autant pour, moi je confond toujours ces deux noms.
    • 15 novembre 2014, 19:04, par éric jocelyn nomo,étudiant en philosophie à l’université de yaoundé (…)
      il faut aussi souligner l’aspect éthique que Platon développe dans ce contexte ;il montre l’obscurantisme intellectuel que vivaient les peuples du moyen âge du fait de leur dogmatisation au sophisme empêchant ainsi tout exercice à la culture intellectuelle.
    • 15 novembre 2014, 20:53, par Gaëlle Sartre-Doublet
      Moyen-âge ???
      Alors Platon était selon votre post vraiment visionnaire : il est né et mort au Vème siècle avant J.C, époque qui fut effectivement et également celle des sophistes 🙂
      Cordialement,
      G.S.D.
  • 10 décembre 2011, 21:50, par coco66
    Socrate a annoncé ce qu’est la philosophie : l’amour de la sagesse.
    La sagesse est en soit amour, et l’amour est en soit sagesse, aimer la sagesse est donc un contre sens.
    L’amour et la sagesse, individuellement sont portés vers et par quelque chose, l’amour ne peut s’aimer lui même, les lier l’un à l’autre, c’est comme de demander à deux serpents de s’enlacer et de se mordre la queue mutuellement, un concept enfermé sur lui-même qui n’est plus sage du tout, et qui au lieu de délivrer de la sagesse, délivre du venin, de la cigüe.
    Socrate aurait du être plus explicite : L’amour de la sagesse, ou l’art de corrompre, d’administrer du venin.
    La sagesse commence par préserver la vie, et la maintenir. Socrate à préféré céder sa vie au nom d’une idée, d’une idéologie. Triste tropique, triste ouverture, ou les idées valent plus que les hommes.
    Qu’elle sagesse y-a-t-il dans tout cela ? quel exemple déplorable, de la folie à l’état pure.
    Les résultats on les connaît, quand l’idéologie dépasse l’homme lui-même, vaut plus que le vie elle même, l’homme n’est alors plus rien, une fourmi qu’on peut écraser, un zéro vis-à-vis de l’infini.
    Vient ensuite Platon avec son amour platonique : L’amour n’est pas plat, il est fait de vallées, de montagnes, de torrents, de végétations et de créatures en tout genre, le vouloir plat, c’est le vouloir comme un désert, ou il n’y a plus rien, ou tout à été tué par l’amour de l’amour.
    Le désert, voila ce qu’est devenu l’homme. Cette désertification va dans le sens de notre individu moderne, ou avant d’être un homme, on doit être un bon citoyen, un bon soldat et un bon père de famille.
    Et le mythe de la caverne, de ce même Platon, une belle fumisterie ça aussi : il existerait donc une caverne, aller, ne soyons pas hypocrite, une belle tour d’ivoire, dont nous serions tous le triste reflet. Cette tour d’ivoire serait celle des idées, comme un cerveau au-dessus des hommes, meilleur que les hommes, pour ne pas dire défaits des hommes. Portes ouvertes à toutes les technocraties et à toutes les idéologies politiques, qui sont sensé nous gouverner et que nous, triste reflet, nous devrions subir. Ce concept, cette idée du mythe de la caverne fait parti des nombreuses prolongations de l’amour de l’amour, de la cigüe.
    Comme conclusion à cet intermède:La philosophie n’a fait que nous apprendre que nous sommes des fourmis bonnes à être écrasées par les idées. La plus populaire des sagesses annoncerait qu’avant même d’émettre une idée, il faut d’abord être en vie, et que de façon très basique, donc, la vie vaut plus qu’une idée, les fourmis ne seraient donc plus les hommes mais les idées.
    Voir en ligne : http://www.le-livre-de-la-jouissance.net
  • 12 mars 2012, 10:11, par adjakou serge
    j’aimerais avoir le récit sur le mythe de la caverne
  • 8 août 2012, 17:56, par Ahmed
    Ce que j’aime avec l’autrefois des lunes d’antan, c’est que les indigènes racontaient des histoires au lieu de gloser ; des histoires si imagées, si réalistes dans l’extraordinaire que les philosophes, comparés à eux, ressemblaient à des tailleurs découpant aux ciseaux et recousant à l’aiguille les structures formant le vivant. Un paysan alors pouvait en savoir plus qu’un muni, ces brahmanas érudits hindous. Jugez-en vous-même par cette anecdote que l’on retrouve dans les Puranas, le Bhagavat notamment et dont le nom signifie « le plus grand », le plus grand des Puranas. En fait, le plus grand, c’est le Dieu des dieux. Car il est notoire que le panthéon hindou regorge de dieux. Il y a Shiva, Vishnou, Brahma, Ganesh, Varuna, Agni, Indra, Surya et des millions d’autres. C’est un autre paradigme que le polythéisme, et particulièrement l’hindou. Là, le monde n’est pas aussi limité que l’Occident a toujours voulu le borner, par ignorance et entêtement, domination et contrôle. Par aveuglement. Tout comme les hommes de la caverne de Platon qui préfèrent le jeu des ombres sur les parois, plutôt que la clarté de la lumière. Je vous la dis en deux mots, cette histoire (sur mon blog)
    Merci pour votre attention
    Voir en ligne : Question de goût : chèvre ou vache
    • 8 août 2012, 18:21, par Gaëlle Sartre-Doublet
      J’ai pris attention à votre post, comme à votre blog en effet. Et j’y ai lu : « Et puis, la pédérastie me sort par les oreilles. »
      Voilà en effet une pensée aboutie, qui vous permettra sans nul doute de rivaliser avec la pensée de Platon…
      GSD

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